Médailles pour chiens: 50% de hors-la-loi!
COUAC | Les maîtres paient de moins en moins cet impôt. Tour d’horizon canin avec le vétérinaire cantonal…
LAURENCE BÉZAGUET | 22.01.2010 | 00:00
«Le premier devoir civique du maître consiste à payer la médaille», considère le vétérinaire cantonal, Grégoire Seitert. Or, renseignement pris au Département des finances, près de la moitié des propriétaires ne s’acquittent pas de cet impôt à Genève! Pour l’année 2008, sur environ 30 000 chiens inscrits dans la banque de données nationale ANIS, seuls 16 451 détenteurs ont honoré cette taxe.
Plus strict à l’avenir
L’Etat, qui a perçu 829 236 francs à cette occasion, entend bien y remédier en se montrant beaucoup plus strict à l’avenir. Ce d’autant plus que la vente des médailles est en constante baisse depuis 2006 et qu’une barre symbolique vient d’être franchie: pas même un propriétaire sur deux n’aurait acheté ladite médaille en 2009.
Il reste donc bien du pain sur la planche pour discipliner le milieu. Vétérinaire cantonal depuis deux ans et demi, Grégoire Seitert s’active à responsabiliser les maîtres, détecter les toutous à problèmes et garantir ainsi une meilleure sécurité publique. Des objectifs qui coïncident avec les nouvelles exigences fédérales en vigueur et le souhait des Genevois qui ont plébiscité l’initiative condamnant les chiens dangereux (IN 137) en février 2008.
A la décharge des propriétaires, il n’est pas toujours simple de s’y retrouver dans toutes ces réglementations canines. Le Service de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV) simplifie pourtant grandement la vie des amis des bêtes en mettant constamment à jour toutes les informations utiles sur le site
www.ge.ch/chiens. Une carte récapitulative a aussi été envoyée au printemps dernier à tous les détenteurs de chiens enregistrés sur ANIS.
Car, comme le rappelle Grégoire Seitert, la médaille, «véritable pièce d’identité de l’animal», n’est qu’une partie des devoirs de tout maître. Ce dernier doit encore être au bénéfice d’une attestation d’assurance RC et d’une vaccination valide de son toutou contre la rage, ce dernier devant enfin être enregistré à ANIS, et ce dès la fin de la douzième semaine du chiot.
Concernant les 15 races de chiens dangereux listés, interdits à Genève, ils doivent en plus être autorisés, tenus en laisse et muselés dès qu’ils quittent le domicile du propriétaire, ce dernier devant pouvoir produire à tout instant une carte de détention sur la voie publique. Le maître ne peut, en outre, avoir un autre chien sans autorisation et tout déménagement doit être annoncé dans les dix jours. Enfin, il faut répéter chaque année un test de maîtrise et de comportement (TMC)!
£Il reste donc passA la décharge deConcernat lesCDes obligations qui ont eu pour effet un important tassement du nombre de molosses sur notre territoire: on en recense environ 480 aujourd’hui alors qu’ils étaient plus de 1000 il y a quelques années à peine.
32 enfants mordus
«Ça ne rigole plus du tout», admet Grégoire Seitert, parfois perçu dans le monde canin comme le Père Fouettard. «Je ne fais qu’appliquer la loi. Notre but est de permettre aux maîtres d’avoir une meilleure maîtrise de leur animal et que celui-ci soit plus équilibré pour éviter des accidents.»
L’an dernier, pas moins de 203 morsures ont été recensées, dont 94 sur des humains et 32 sur des enfants. La formation théorique (une fois quatre heures) et pratique (quatre fois une heure), dorénavant imposée par Berne à tous les détenteurs de nouveaux chiens (après le 1er septembre 2008), pourrait aider le vétérinaire cantonal dans sa mission.
Sans compter que dès 2011 (le projet est actuellement discuté en commission du Grand Conseil), tous les chiens de plus de 25 kilos devront en plus peut-être passer un TMC, comme le réclament les défenseurs de l’IN 137.
